14.2.06

Françoise Malène contre toute attente

Naît contre toute attente.
Voit dans l’enfance une mauvaise passe
Dort beaucoup. Aime ça.
La question de l’ordre ou plutôt du désordre qui s’installe avec elle dans chaque pièce lui apparaît vite cruciale : le monde serait-il sans cesse à ménager ?
Elle perd énormément : des gants, des parapluies, des sacoches, des clefs et même son manteau.
Parfois on les lui rapporte.
Elle en est reconnaissante et gênée.
Dans sa poche, il y a toujours des petits bouts de mouchoirs en papier qui à force se délitent ; quand elle sort une clef de sa veste ou une carte, ils tombent par terre ou, chez le médecin, sur la moquette. Comme il serait encore plus gênant de se baisser pour les ramasser, elle les laisse-là mais se demande toujours ce qu’ils font, les autres, de leurs kleenex pour qu’ils ne s’en aillent pas ainsi en morceaux.
Parfois ce sont des bouts de vie, morceaux fripés du temps qu’elle laisse choir sur la feuille.
Il faut être juste : elle reçoit aussi beaucoup, et avec plaisir, surtout ce qui est immérité. Ainsi, elle doit son nom au tango à Malena bien qu’elle soit incapable de danser et surtout le tango.
Assez tôt, elle a séjourné en Grèce antique, puis dans d’autres contrées lointaines. Comme si on pouvait s’y payser.
Ici, elle travaille.
Fait la cuisine.
Boit du bon vin en compagnie.
Elle n’a pas pensé à construire.
En ce moment, elle marche beaucoup.
Elle aime l’œil.

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